Description
A propos de la situation délicate de son mari :
"Monsieur, Je sais tout ce que tente votre sollicitude pour nous rendre la vie plus respirable, et c'est dans tous les Mondes que j'en emporterai la reconnaissance. La demande que votre signature devait rendre si puissante est renvoyée au ministère de l’Instruction publique par le ministre de l’intérieur, désolé de n’avoir rien pour Valmore dans les bureaux des théâtres ou des Beaux-Arts. Les coups se succèdent -- et les jours tristes sont longs !
Partout où vous serez, je suis sure au moins d'un appui. Étendez-le sur moi dans ce moment, Monsieur, là où vous régnez comme dans votre maison, à l'Académie française, où l'on me dit d'oser envoyer cet humble livre des Misères que voici sur vos genoux avec l'un des vos chers enfants.
Je n'ajoute rien à l'aveux de cette étrange espérance, on me l'a inspirée, et je m'y livre à force de malheur car vraiment, ce n'est pas sans force d'orgueil ! Sinon de l'intérêt dont vous honorez la plus humble des femmes.
Marceline Desbordes-Valmore
10bre 1849"
Marceline Desbordes eut une courte carrière de comédienne et avait épousé en 1817 son partenaire d’alors, l’acteur François Prosper Lanchantin, dit Valmore, qui abandonna la scène à la suite d’une blessure en 1840. Il obtint une place de sous-bibliothécaire à la Bibliothèque impériale en 1852.
Victor Hugo admirait l'œuvre de Marceline Desbordes-Valmore, il lui écrivit après la lecture de son recueil Les Pleurs en 1833 :" Il y a le monde des pensées et le monde des sentiments. Je ne sais pas qui a la pensée, et si quelqu’un l’a dans ce siècle, mais à coup sûr, vous avez l’autre. Vous y êtes reine […] Vous êtes la femme même, vous êtes la poésie même."