Description
11 LETTRES AUTOGRAPHES SIGNÉES et 2 LETTRES AUTOGRAPHES écrites à Nohant ou Paris en 1849 et 1850. Bel ensemble à son ami de jeunesse Charles Duvernet et à son épouse Eugénie, deux figures importantes du petit théâtre de Nohant.
Charles Benoist Robin-Duvernet (1807-1874) connaissait George Sand depuis l'enfance : leurs pères avait ensemble fait de la musique et joué la comédie de salon. Partageant avec Sand ambitions littéraires et idées politiques, Duvernet compte parmi les fondateurs de L'Éclaireur de l'Indre, journal à tendance républicaine auquel l'auteur de La Mare au Diable contribua de nombreux articles ("Je t'envoie une lettre qui doit concerner l'Eclaireur" [Nohant, mi-mars (?) 1850]). Tous deux souffrent ainsi de la répression des idées progressistes qui suit les législatives de 1849. Au mois de janvier de cette anée, pourtant, Sand optimiste écrivait à Duvernet : "Les réactionnaires n’auront pas toujours le dessus."
Sand évoque ses fréquentes visites à Duvernet, qui demeurait en été au château de Coudray, voisin de Nohant :
Demain si vous voulez, nous irons vous prendre à onze heures pour vous mener aux étangs de Brice. Nous y portons le déjeuner; ne vous occupez de rien que d'avoir votre cabriolet prêt. [Nohant, Ier août 1849]
Elle mentionne également la dette Reignier, qui lui cause de graves soucis financiers tandis que Duvernet s'efforce de rembourser les empruns qu'il a contractés pour le cautionnement de la nièce de George Sand Augustine Bertholdi :
Pour ta gouverne dans l'affaire Bertholdi, voici ma position que je dois soumettre. J’ai en fait de dettes urgentes, la Veuve Reignier 10 000 f. Et au mois de Février Bargat et Maublanc 6 000 f. Si la veuve Reignier veut me donner le temps d'attendre que la rente remonte un peu, j'arriverai peut-être à faire de mon coupon de rente de 1000 f. et 18 ou 19 000 f., si on me presse trop je perdrai beaucoup. Mais il n’importe. Je vendrai pour me tirer des dettes. [Nohant, 9 janvier 1849]
L'abondante correspondance entre Sand et Duvernet se fait particulièrement riche à partir de 1846 : sous l'impulsion de Maurice, fils de George Sand, un petit théâtre d'une cinquantaine de places avait été aménagé dans leur maison de Nohant. Pour monter ses "pièces-maison", expérimentations de ses créations parisiennes, George Sand fait appel à sa famille et à ses proches, dont Charles Duvernet, qui avait monté à La Châtre une troupe de comédiens amateurs. On trouve dans ces lettres l'amusant témoignage de leur collaboration :
Voici une pièce superbe. Lis-la avec attention, copie ton rôle et celui d'Eugénie, en indiquant en peu de mots les scènes intermédiaires et renvoie-moi mon scénario ce soir. [...] Exige d’Eugénie étudie son rôle car le dernier jour elle et Laure n'ont pas le temps de le lire. [Nohant, début de novembre 1849]
Eugénie, qui épousa Charles Duvernet en 1832, est en effet elle aussi impliquée :
Ma chère mignonne, ne viens pas tard demain. Apporte une jupe d’amazone pour toi et pour faire la géante, la plus longue que tu auras.
On joue Meneghino en costume moderne. Il te faudrait une espèce de costume de grisette pas trop propre, vu que l'intérieur de Mme Truccagnin est un taudis. Nous manquons de bonnet ici. Apportes-en un, ainsi qu'une robe d'été, voyante et un peu étriquée, si tu as cela sous la main. [Nohant, 1er juin 1850]Manceau t’envoie ton bout de rôle, le plus simple est d’apprendre cette tirage et de la dire avec feu. Cela suffit pour la situation. [Nohant, 1850.]
On joint une lettre autographe signée "George", 5 février 1849, à Louis Viardot, lui recommandant Charles Duvernet, son "excellent et fidèle ami d’enfance"
George Sand, Correspondance, textes réunis, classés et annotés par Georges Lubin, vol. IX: 4132, 4136, 4149, 4272, 4275, 4330, 4373, 4390, 4443, 4527, 4576, 4722, 4723, 4729.