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Correspondance autographe signée

1920

Belle correspondance littéraire composée de 11 lettres.

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Description

CORRESPONDANCE AUTOGRAPHE SIGNÉE COMPOSÉE DE 11 LETTRES.

- 7 lettres sont adressées à l'historien et bibliographe Louis-Raymond Lefèvre et traitent du travail d'écrivain de t'Sertevens, inspiration, écriture, publication…

- 4 sont adressées à un couple très proche de l'auteur, Joachim et Marcelle (Lefèvre ?). Deux longues missives datant de l'été 1924, traitent d'une virulente brouille au sujet d'une maison de vacances dans laquelle t'Serstevens avait fait d'importants travaux. La dernière lettre, écrite de Tahiti en 1949, montre un écrivain apaisé, très détaché du milieu littéraire et éprît de voyages.

- Lettre autographe signée, Lerici, 15 juin 1920, 2 pages et demi, in 8 :

"Votre lettre me fait cher confère le plus grand plaisir. J’aurais tort, n’est-ce pas ? De dissimuler sous des phrases conventionnelles la joie que j’éprouve à sentir que mon travail et mon désintéressement matériel m’apportent tout de même une récompense morale et que je commence à avoir des amis inconnus. Mais ne me parlez pas trop d’idéal. C’est un point que nous atteignons que par hasard, à condition que nous ne le cherchions pas. Je me le suis souvent dit en étudiant, à Sienne, les œuvres de Duccio, qui fut le plus Gand peintre de la Toscane : il fait des chefs d’œuvre et des des médiocres avec la même inconscience. Certes, lorsqu’il a crée cette sublime descente de croix, dont je vous montrerai un jour la photographie, il ignorait absolument la valeur incomparable de son œuvre et lui préférait peut-être son Hérode qui ne vaut rien. Nous n’avons, de plus, contre nous, n’étant pas religieux ni moines, la vie âpre et tenace d’aujourd’hui. Il nous faut quelquefois - en dehors de livre qui est notre rituel - écrire des choses que nous n’écririons pet-être pas si nous n’en tirions de quoi écrire dans la paix les pages que nous aimons. C’est mon cas du moins, étant pauvre et n’ayant que ma plume pour vivre. Il faut donc me pardonner quelques pages qui ne paraîtront jamais en volume ; j’essaie de m’en tirer par le style, la bonne humeur et la méchanceté. Ce sont évidemment ces pages-là de ma main que le public préfère. Elles me coûtent malheureusement un temps considérable, jusqu’à 20 et 30 heures de travail, car je ne leur donne pas moins de soins qu’à celles que j’aime et que j’écris en toute piété.
[…]  Un apostolat qui vient de paraitre dans la Revue de Paris, sortira, en volume, en septembre, chez Albin Michel. Je publierai le même moi, chez Camille Bloch, « Les Petites Trilogie » recueil de poèmes en prose qui ont paru à droite et à gauche. J’aurai grand plaisir à vous envoyer des deux volumes, avec le rappel de mon amitié. […]

-Lettre autographe signée, Mercredi soir, une page et demi in-8 :

Je suis rentré depuis quelques jours et me voilà déjà pris dans l’engrenage littéraire. Je vous est fait ce matin la dédicace et l’envoi de Un Apostolat qui vous recevrez bientôt. C’est un livre sur lequel je compte beaucoup. Écrit de front avec Les Sept à partir de janvier 1913, il en diffère totalement par le style, le décor et la méthode. Cette antithèse- je n’ai pas besoin de vous le dire - est voulue, d’autant plus qu’il s’agit de deux livres écrits en même temps. J’espère montrer par là ce que peut la volonté portée dans des sens différents, à la même époque. Un Apostolat n’est , au surplus, qu’une autre face du problème des Sept, l’individu contre la société. Mais ici c’est la société qui triomphe, tandis que dans les Sept c’est l’individu qui triomphait. […] 

-Lettre autographe signée, 8 novembre 1920, une page et demi in-4 :

"Au milieu des articles certes toujours aimables mais pas toujours compréhensifs que m’a valu « un Apostolat », je me palis à relire le vôtre, mon cher ami, et tout ce qu’il renferme de sympathique et debien vu. Car il n’y a pasde plus grande voie pour un écrivain dont le faible est de philosopher un peu, que celle de se sentir compris comme mon livre l’est pas vous. Votre conclusion surtout « Dans les Sept l’individu triomphait. Mais à côté de la société et non contre elle ! Marcel chante surtout «  j’ai tuer mon amour de l’homme » , Pascal pourrait dire : L’Homme à tuer mon amour pour lui. Voilà bien la différence morale des deux livres, et vous êtes mon cher ami, le premier à le voir. […]
J’ai été très ému aussi de ce que vous dites au commencement de votre belle étude. Nous nous retrouverons sur le terrain de la détresse, car c’est évidemment de là que tout le livre est parti. […]

-Lettre autographe signée, 1er Mars 1921, une page et demi in-8 :

-  Votre article m’a été au coeur, mon cher oui , parce que vous êtes un vrai poète, avec la sensibilité et les moyens de l’exprimer, et je suis heureux que mon petit livre ait été l’occasion de très beau poèmes que vous nous donnez sous forme de critique. Certes, il ne sera jamais parlé de mes poèmes en prose avec l’indispensable grâce que vous y avez mise ! Je dis indispensable parce que j’aime mieux le silence qu’une forme différente de la votre. Singez aussi que presque personne n’est capable de discerner la poésie de la prose française, et tout ce qu’elle renferme de musique délicieuse, en sorte que jamais instrument plus parfait ne fut donné à un artiste. Vraiment, j’ai aimé les minutes qui ont suivi l’accomplissement de ces petits morceaux dont certains m’ont couté des semaines de travail (La Sirène à 47 pages de brouillon) et peut-être y a-t-il là plus de moi-même que dans tout ce que j’ai écrit d’autre part.[…] 

- Lettre autographe signée, Rovello 13 août 1921, deux pages in-8:

Je suis très  touché, mon cher ami, du bel article que vous m’avez consacré à propos de mes soliloques. Cela va, vous pensez bien, au delà de la satisfaction d’amour propre, car le bien ou le mal que l’on dit de moi ne change rien à la manière de penser que j’ai à mon propre sujet, et qui est une complète ataraxie. Je suis, en ce qui me concerne, plus pyrrhonien que Trouillogan lui-même. C’est ainsi, comme cous le dites si bien, que j’ai trouvé la paix.
Mais je suis touché bien plus vivement pas votre amitié qui ne perd jamais une occasion de s’exprimer, et par la générosité de votre esprit qui vous porte à savoir faire une étude sur un poème de 15 lignes aussi bien que sur un roman de 400 pages. Cela est beaucoup plus curieux que vous ne le pensez.
[…] 

- Lettre autographe signée, Bonassola - 16 mai 24, deux pages in-4:

Pour Joachim, Mon cher Vieux,
Comme nous ne voulions plus retourner à Lerici, parce que la terre est belle à découvrir, nous avons dû chercher misérablement. Je vous assure que trois ou quatre fois nous avons failli rentrer à Paris : nous ne trouvions jamais ce que nous cherchions. […] Eh bien, nous avons trouvé, ou pour mieux dire, Marcelle a trouvé, […]. C’est un grand Palazzo dont nous occupons tout un étage. Tout autour s’étend un jardin de citronniers chargés comme des lustres. Je pense que le paese n’a jamais vu un étranger. Nous avons la plus belle bonne qui soit au monde, une ragazza de dix-sept ans, fraîche comme un abricot et aussi blonde de chair : c’est aussi Marcelle qui l’a trouvée. Mes yeux l’en remercient, car pour le reste, je n’ai pas l’intention de gâter mon séjour en courant le jupon. Je me contente de regarder vivre ce bel animal coloré par le soleil, et d’une grâce un peu lourde, et je vous assure que c’est aussi délicieux que si je la caressais.

-Lettre autographe signée, Paris 9 juillet 1924, deux pages et demi in-4 :

Faits moi, mon cher Joachim, le crédit de penser que je n’ai adressé à Marcelle que la juste part des reproches que je m’étais proposé de lui faire, et que je vous en réservais un bonne partie. Ne vous ayant pas trouvé à Paris, je n’ai parlé de vous qu’incidemment, me proposant de vous prendre à partie quand vous rentreriez. Vous devancez cette entrevue. Je vous laisserai donc mémoire de ce que j’ai à vous dire à l’un et à l’autre.Il y a eu dans votre conduite à notre égard (aussi bien à l’égard de Marcelle Sch.) un ensemble de petits mensonges, réticences, d’hypocrisies, dont je ne consentira jamais à m’accommoder. Si vous aviez quelques reproche à me faire, il est de la plus simple amitié de m’en faire part : nous ne sommes pas parfait. Au lieu de cela, c’est étonnant ce qu’il y a eu de lettres perdues, d’occupation accablantes, de contre temps fâcheux, de retards postaux, de sais-je ! Toute la kyrielle de petits prétextes est rentrée en jeu. Enfin, il y a l’affaire des Chaumettes, dont je vous rends responsables l’un et l’autre, par défaut de connaître le véritable. […]
Tout cela me navre au tréfonds de moi-même. C’est misérable et petit bourgeois. Cela me ramène aux considérations d’une misanthropie qui n’est nullement maladive mais le résultat de quelques incursions dans le domaine saharien de l’amitié.
Puisque vous tenez tout à « compter pour quelque chose » prenez de ces reproches la part qui vous revient. 

- Lettre autographe signée, Paris 11 juillet 1924, un page in-4 :

Je suis très heureux de vous avoir amené à baisser le masque et à me dévoiler la vieille rancune que vous aviez contre moi. […] C’est un peu le sentiment que Rousseau devait avoir pour l’Ermitage. Vous ne l’avez pas compris. Vous avez été pris de je ne sais quelle peur panique, comme si je voulais vous dépouiller de cette propriété : c’est ce sentiment que j’ai le droit d’appeler vil et petit bourgeois. […]

- Lettre autographe signée, Tahiti, Février 1949, 2 pages in-4 :

[…] J’ai terminé le 26 janvier le livre sur les îles qui à 900 pages-machine. J’y ai travaillé 9 mois et qqs courtes évasions aux Australes jusqu’à Rapa et aux atolls du centre des Tuamotu, ce dernier voyage en cotre. Toujours avec Amandine, bien entendu, car elle est une voyageuse parfaite. Il est bien amusant le destin de cette parisienne, née à Paris de toute une ascendance de Parisiens de Paris, qui n’avaient quasiment pas quittés la France (Baleares, Londres) et qui devient du premier coup globe-trotter, navigue sur des sabots, partout à cheval  Moorea, les Marquises, vit familièrement avec les indigènes et va rendre visite au cannibales de Malicolo. Elle a bien de la chance d’avoir encore de nombreuses années à vivre pour se délecter d’incomparables souvenirs. Il est evident que la rencontre du monde tropical et des races primitives modifient profondément nos manières d’envisager l’existence. C’est une inimaginable révélation et un complément indispensable à la compréhension de l’être humain. Il devient impossible de considérer comme essentielles toutes les choses qui, en Europe, occupent les esprits. […]
Je ne crois pas rentrer à Paris allégresse. Je me suis terriblement détaché de tout ce qui m’appartient, y compris des livres. Je rentre parce qu’il faut bien mais ce ne sera que pour préparer un nouveau voyage.[…]
T’se, dit Tetvini Toato papa parau, cela veut dire Homme qui écrit des mots, belle définition de l’écrivain.

Bel ensemble.

1920-1924, 1949.In-4, In-8, En feuilles,18 pages.

Encre noire.

Bio

Albert t' Serstevens

(Uccle – Bruxelles : 24 septembre 1885 – Neuilly-sur-Seine – Hauts-de-Seine : 13 mai 1974)

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