Description
Lettre autographe signée adressée à Max-Pol Fouchet.
René Char évoque Alger et un projet d'édition en volume de la revue Fontaine.
"L'Isle-sur-sorgue 18 sept 78
Cher Max-Pol
Il ne m'a pas été possible de répondre plus tôt à ta lettre. Je "sors" d'un long infarctus avec toute la machinerie que cela implique. Et dicter une réponse ne m'est pas venu à l'esprit, les descentes anciennes sur Alger sont restées, sans vieillir, toutes pures. Evidemment, au sujet de ton projet de Fontaine, tu agis comme bon te semble. J'ai souvent songé que : un beau volume de "morceaux choisis" avec une bonne introduction par toi-même une libre Fontaine telle qu'elle nous serait restituée, l'éclair d'un livre, en ce temps de nausée et d'éditeurs marrons, te ferait honneur -- et à nous tous. Honneur et émotion liées certes.Bien fidèlement
René Char"
Entré en Résistance dès 1942 sous le nom de "Capitaine Alexandre", René Char, révolté par la censure de Vichy et de Berlin, fit le voeu de ne plus publier ses poèmes dans la France occupée. Il collabora néanmoins dès 1944 à la revue Fontaine dirigée par Max-Pol Fouchet, basée à Alger et résolument hostile au régime de Vichy. Char resta fidèle à Fontaine lorsque, au lendemain de la Libération, la revue s'installa à Paris, et contribua à 5 de ses numéros, non seulement comme poète mais aussi comme chroniqueur. Fontaine publia, entre autres, les premiers extraits des Feuillets d'Hypnos (1945) ainsi que Le Poème pulvérisé (1947).
Max-Pol Fouchet, avec lequel Char nourrira une importante correspondance, le décrira comme "un grand poète, un maître de dignité, de liberté, de rectitude, un maître dont la morale épouse la poésie et la poésie la morale" (Jacques Chirac, "René Char", La revue des deux mondes, juillet 1989, p. 17)
[1] f. recto manuscrit à l’encre noire. Enveloppe conservée.