Description
Lettre autographe signée à Léonce Bénédite (1859-1925) conservateur du musée du Luxembourg et au Musée Rodin.
"4-5-21 Paris
Mon cher Bénédite,
demain jeudi après 4 heures Monsieur Radier vous apportera pour Monsieur Matzukata les quatre bronzes ci-dessous désignés :
Petit modèle du grand Heraklès Archer - 10,000 fr
Grande Bacchante - 10,000
Centaure mourant - 15,000
Petit groupe Vierge à l'enfant - 15,000
Laissé au prix total - 50,000
Il y aura en plus dans ce lot
1° pour Monsieur Matzukata - Femme debout bras croisés, (bronze) que je le prie d'accepter pour lui - et plus tard deux dessins en couleurs.
2° en souvenir de votre si importante visite, permettez moi Monsieur Bénédite de vous faire hommage du bronze (Sapho [sic] a la Lyre) que suivront après dès que je le pourrai exécuter des dessins (compositions en couleurs).
Heureux du bon pour accord pour les bronzes destinés au Japon et très honoré de la pensée de votre visite. Je suis votre cordialement dévoué peintre et sculpteur
Antoine Bourdelle."
Président d'une société de construction navale, Kojiro Matsukata entreprend, à la suite d'un voyage à Londres en 1916, l'élaboration d'une immense collection d'art qui forme aujourd'hui le cœur du Musée d'art occidental de Tokyo.
Passant la majeure partie de son temps au Japon, parfois peu sûr de son goût, Matsukata est contraint, pour ses achats, de faire appel à des intermédiaires stationnés en Europe. C'est dans ces circonstances qu'il rencontre Léonce Bénédite, directeur du Musée du Luxembourg nouvellement appointé directeur du Musée Rodin. Sous son influence, la collection Matsukata, auparavant centrée en grande partie sur l'art anglais, se tourne vers la France.
Une collection de quelque 400 œuvres d'art françaises confiées à la garde de Léonce Bénédite fera l'objet d'une vaste dispute juridique et diplomatique : le Japon étant classé, lors de la seconde Guerre Mondiale, "pays ennemi", les pièces sont saisies par l'administration française et vendues aux enchères. Ce n'est qu'en 1956, soit 6 ans après la mort de Kenjiro Matsukata, que sa collection (moins une 15aine d’œuvres majeures) trouvera le chemin du Japon. Le Musée d'art occidental de Tokyo, qui l'accueille, sera inauguré en juin 1959.