Description
Lettre autographe signée à son beau-père, le docteur Jules Hébert (1851- 1912).
"21 mai [1910]
Mon Cher Papa,
Voulez-vous m'aider grandement dans la formation d'une clientèle Pékinoise en me donnant les renseignements suivants : Prix d'achat en gros, par cent ou mille d'ampoules de Quinton. Derniers tuyaux sur le thérapeutique Quitomenne en y ajoutant ce que vous fournissent vos propres expériences. Je diffère de préparer ici le sérum, bien que tout soit prêt pour cela, & je vais pendant quelques mois essayer de me servir de celui qu'on "édulcore" en France.
Yvonne vous tient au courant de mes péripéties médicales qui vont ici du comique au morose, du nauséeux au plus délicat pittoresque. Je consacre le mois qui me sépare de l'arrivée de Richard pour essayer de tout mettre sur pied. Le Dr Hazan médecin de la Légation est pour moi d'une grande bienveillance ; il a mis son hôpital à ma disposition ; & j'espère qu'il en fera autant des gros malades mandarinaux qu'il soigne au-dehors, sans aucune conviction. Donc bon espoir & pas mauvais début. Je vous embrasse mon cher Papa & Très Honoré Maître en vous promettant de piquants récits à venir.Tout affectueusement.
Victor"
Formé à l'École Principale du Service de Santé de la Marine, Victor Segalen devient médecin 1re classe le 24 août 1908. Cette même année, il apprend le chinois à l'école des langues orientales de Paris et au Collège de France. Après avoir obtenu son détachement en Chine, il embarque à Marseille le 24 avril 1909, rejoint Pékin par le train en mai et entreprend en août une expédition de dix mois en Chine centrale en compagnie de Gilbert de Voisins. Après un passage par le Japon, il retourne à Pékin et s'installe en mars 1910 avec sa femme Yvonne et son fils. Segalen cherche alors développer une clientèle, et sollicite l'expérience de son beau-père, Jules Hébert, médecin brestois renommé. En 1912, année de la parution de la première édition de Stèles, il sera nommé au poste de médecin-major de deuxième classe à l'Imperial Medical College de Tianjin.
Les lettres autographes de Segalen sont peu courantes.
Deux pages sur un feuillet recto-verso, encore noire.