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Obra Literaria : Poesia – Prosas

1985180 x 246 mm

Exemplaires de François Maspero, écrivain et traducteur d’Alvaro Mutis.
Envoi autographe signé et un ensemble de lettres de Mutis au sujet de la traduction

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Description

"en France, où mon œuvre a été accueillie avec un intérêt plus marqué et continu que dans les pays hispanophones, ma poésie, à l'origine de tout ce qui vient ensuite et qui y est arrivée en premier, doit être connue."

Première édition des deux premiers volumes des oeuvres littéraires d'Alvaro Mutis publié par le Presidencia de la República Colombiana.
Exemplaires de François Maspero, écrivain et traducteur d'Alvaro Mutis.

ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉE en espagnol :

"Para François Maspero
con  immensa admiracion y gratitud,
su amigo
Alvaro Mutis [signature]
29-9-89 "

Le volume de poésies a été utilisé par François Maspero pour la traduction des poésies de Mutis, parues en 1993 chez Grasset sous le titre Les éléments Du Désastre, et reprise en 2003, dans la collection Poésie/Gallimard, sous un nouveau titre, Et comme disait le gabier. Plusieurs annotations au crayon en marge sont  relatives à des questions de vocabulaire. Le sommaire porte les traces de l'avancée du travail du traducteur : numérotations de parties, titres cochés et barrés, remarques en marge.

Sont jointes à l'ouvrage 5 lettres d'Alvaro Mutis en espagnol adressées à François Maspero (8 pages tapuscrites signées Alvaro à l'encre sur papier entête de l'auteur),  dans lesquelles il donne des réponses détaillées aux questions du traducteur :

P22. Qu'est-ce que j'ai voulu dire par là ? Je ne sais vraiment pas. A l'époque, j'étais un peu proche de Desnos et de Crevel. Maintenant, c'est complètement effacé. Je laisserais "support". Pour moi aussi, je le répète, le sens m'échappe.
P26 : Je traduirais mot à mot "jette la perle", peut-être qu'en français il y a quelque chose de mieux que jeter, mais cela ne me vient pas à l'esprit maintenant. De même pour la traduction littérale " soif et miel " des tissus, avez-vous vu ces tissus qui ont une qualité de miel ? Un goût que j'associe à la soif et au désir de toucher."
[…] Page 282 - ligne 7 en partant du bas. J'aime savoir que dans votre enfance vous n'avez pas été torturé avec cette émulsion "de l'homme au poisson sur le dos" et que c'était le moyen d'ingérer beaucoup de vitamines par le biais de l'huile de foie de morue ( !) sous forme d'émulsion. Il m'arrive encore de rêver de cette horreur et je devais quand même aller chez le dentiste, car cette potion était censée m'en débarrasser.
[…] S'il est vrai que le gabier en français n'est pas exactement le marin qui, du haut du mât, annonce les nouvelles qu'il perçoit à l'horizon, mais celui qui est chargé de manœuvrer les voiles du hunier et, en deuxième sens, le "matelot breveté chargé de la manœuvre", dans le cas de Maqroll, vous savez qu'il est appelé "gavier" parce que c'est le premier travail qu'il a fait sur un bateau de pêche. Si c'est le cas, je préférerais qu'il s'appelle gabier plutôt que de continuer à utiliser le mot espagnol qui me paraissait farfelu, mais aucune force humaine n'a pu en convaincre Antonio Ramos qui n'a jamais compris qu'il ne s'agissait ni d'un nom ni d'un prénom mais de la mémoire d'un métier, comme si l'on disait Juan le cheminot ou Pedro le charpentier. Je vous autorise pleinement, tant dans la poésie - très importante dans ce cas - que dans les traductions ultérieures et dans Amirbar, à ce que les éditeurs acceptent votre suggestion ou la solution la plus appropriée.

Mutis aborde aussi ses travaux d'écriture :

Je suis en train de corriger le " triptyque de terre et de mer" [Le rendez-vous de Bergen]. Je ne sais pas si je vous ai déjà dit qu'il s'agit de trois moments de la vie du Gavier où son univers sentimental s'ouvre à des domaines qu'il ignorait ou qu'il avait oubliés. Je n'en suis pas convaincu et je ne sais pas comment je vais le terminer mais cela m'arrive toujours. Nous verrons bien. Ce ne sera pas le premier livre que je jetterai dans la cheminée.

Et est admiratif du travaille de traduction de Maspero :

Il me serait très difficile de vous expliquer ce qu'a été la lecture de ma poésie en français et dans une version aussi aboutie et fidèle. Il y avait longtemps que je n'avais pas lu ma poésie dans son intégralité - près de 20 ans - et il ne restait de cette lecture que doutes et perplexités. Aujourd'hui, grâce à votre version et à la distance imposée par une autre langue, je réalise, sans vanité ni modestie, qu'elle est non seulement valable [?] mais qu'elle représente fidèlement le monde que j'ai voulu célébrer depuis mon enfance, la terre chaude colombienne, notre propriété de Coello à Tolima, les vieilles productions de l'Occident, la conviction triste mais résignée que nous ne pouvons que constater nos misères et nos échecs... bref, la vieille cantilène reprise d'un coin de la Colombie. Vous me l'avez rendue intacte et cette nouvelle expérience fonctionne de plusieurs manières. L'une d'entre elles, à mon avis, et maintenant, pour moi, la principale, est de confirmer ce que j'ai dit tant de fois ces derniers temps : mes histoires [mes écrits], qui ne sont pas des romans, ne sont qu'une extension de ma poésie. Tout ce que j'ai écrit dans mes six livres en prose s'y retrouve, parfois avec des détails précis et concrets que j'avais oubliés. Vous comprendrez donc combien je pense qu'en France, où mon œuvre a été accueillie avec un intérêt plus marqué et continu que dans les pays hispanophones, ma poésie, à l'origine de tout ce qui vient ensuite et qui y est arrivée en premier, doit être connue. Merci, cher François, merci pour ta patience, pour ta persistance et ta fidélité, et merci pour le miracle d'avoir passé dans la langue sinueuse et heureuse du Père Montaigne mes démons, mes visions et mes obsessions, ce qui est la même chose.

Sont aussi jointes :  une version imprimée de la Note du traducteur, 3 pages autographes de notes et essais de Maspero concernant la traductionet  2 lettres signées de François Maspero à Alvaro Mutis (un brouillon autographe signé et une lettre tapuscrite signée) datées du 1er novembre 1989 et du 21 février 1992 :

"J'ai exploré, crayon à la main, le volume de poésies et j'ai fait quelques essais. Cela me passionne de plus en plus. C'est vraiment bizarre : celait faisait plusieurs années que je rêvais de traduire des poésies de toi sans trop y croire, sans oser faire de démarches, et c'est toi qui m'a qui m'a appelé… Et maintenant,  j'ai quelques appréhensions que le traducteur est pauvre devant toutes les épaisseurs qui sont contre, au dessous, par dessus les mots, " por mizma de la pobre piel que sobre el poema" ( le mot sobre est de to : elle est un fourtout [sic] somptueux, cette "pauvre" peau - Somptueux à la fois sauvage et proche - évidente et redoutable).

Maspero avait déjà traduit Le Dernier Visage (1991) et Écoute-moi, Amirbar (1992), après la publication de la version française des poésies , il traduira deux autres ouvrages de Mutis :  Abdul-Bashur, le rêveur de navires (1994). et Le Rendez-Vous de Bergen (1995).

Très bel ensemble.

Bogota,Nueva biblioteca colombiana de cultura,1985.2In-4, Relié,180 x 246 mm,235 et 234 pp..

Reliures de l’éditeur, cartonnages papier titrés en blanc sur les plats, jaquette illustrée. Quelques frottements.

Bio

Álvaro Mutis

Álvaro Mutis Jaramillo

(Bogota: 25 août 1923 – Mexico : 22 septembre 2013)

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