Description
Rare ÉDITION ORIGINALE de ce recueil de 71 poèmes d'inspiration chinoise.
ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ de l'auteure (devenue Judith Mendès après son mariage avec Catulle Mendès) à l'écrivain Armand Silvestre :
à Monsieur Armand Silvestre
en témoignage de ma profonde admiration
Judith Mendès
Épris de Judith Gautier, pour laquelle il composa plusieurs sonnets enflammés, Armand Silvestre signe le prologue de sa pièce de théâtre japonisante La Marchande de sourires.
Fille aînée de Théophile Gautier, sinophile comme lui, Judith Gautier entreprend en 1863 l'apprentissage du mandarin auprès de Din Dunling (ou Tin-Tun-Ling), réfugié politique. Quelques mois plus tard seulement, elle fait paraître dans la revue L'Artiste 17 "Variations sur des thèmes chinois" ; toutes sauf une seront reprises pour Le Livre de Jade, où elles seront décrites comme composées "selon" un poète chinois.
Mélange de tentatives de traductions réalisées par une néophyte (pour "La flûte mystérieuse", par exemple, Judith Gautier semble avoir déchiffré 5 des 28 caractères du poème original), de variations sur le travail de Léon d'Hervey de Saint Denys (compilateur, commentateur et traducteur des Poésies de l'époque des Thang) et d'invention pure, Le Livre de Jade suscite les louanges de l'intelligentsia littéraire : Judith Gautier deviendra d'ailleurs quelque 40 ans plus tard la première femme à intégrer l'Académie Goncourt. Quant à l'imposture, intentionnelle ou non, elle semble ne troubler personne : on encense l'invention de la poétesse plutôt que la rigueur de la "traductrice".
Traduit en italien, en portugais puis en anglais (partiellement), l'ouvrage n'est cependant réédité qu'en 1902, augmenté de 39 poèmes. Le succès, cette fois, est triomphal. Mais cette nouvelle édition, à la différence de l'originale, présente le travail de Judith Gautier comme une oeuvre de traduction pure. L'auteur ne manque pas, dans ses mémoires, de perpétuer ce mythe :
Presque chaque jour, accompagnée de Ting, qui me tenait lieu de duègne, j’allais m’installer dans la salle des manuscrits [de la bibliothèque Richelieu] et nous fouillions les recueils de poésies, pour y découvrir des poèmes à notre goût, les copier, afin de les emporter et de les étudier à loisir. […] Plus tard, on nous autorisa à emporter de la Bibliothèque les livres dont nous avions besoin
Ainsi, tout en contribuant à intéresser le public à la poésie chinoise, Le Livre de jade sème la confusion. Le poème "Le pavillon de porcelaine", notamment, entièrement imaginé par Judith Gautier, reparaîtra dans plusieurs recueils attribué à Li Bai.
En 1911, Lucien Pissarro publiera à Londres L’Album de poëmes tirés du « Livre de jade », illustré de huit gravures sur bois.
Bel exemplaire à toutes marges, élégamment habillé d'une reliure de soie rouge.
7 exemplaires en France, tous à la BnF (sites Tolbiac et Arsenal) ; seul 1 ex. comporte un envoi.
- Delobel, Juliette. « Judith Gautier, érudite intuitive », Revue de la BNF, vol. 60, no. 1, 2020, pp. 160-169.
- Stocès, Ferdinand. « Sur les sources du Livre de Jadede Judith Gautier (1845-1917). (Remarques sur l'authenticité des poèmes) », Revue de littérature comparée, vol. no 319, no. 3, 2006, pp. 335-350.
Reliure à la Bradel, soie rouge à décor, pièce de titre en basane brune, signet, couverture conservée. Frottements avec manques de soie sur les coupes et les coiffes, dos insolé et frotté.
2 notices bibliographiques découpées et contrecollées au contreplat supérieur.