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Tapuscrit avec corrections autographes sur la place du Poète

1949210 x 270 mm

Important tapuscrit corrigé sur la place du poète pendant et après la guerre.
« Mise au défi, la poésie a prouvé qu’elle se confondait avec l’amour et la liberté. »

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Description

TAPUSCRIT AVEC CORRECTIONS AUTOGRAPHES de Paul Éluard d'une importante allocution sur le rôle du poète, pendant et au sortir de la Seconde Guerre Mondiale :

"Je voudrais vous parler avec le plus grande franchise de ce qui me tient le plus à coeur.

Il faut que nous communiquions de la meilleure façon possible entre nous. Tout dire est notre loi morale, tout dire est la condition même de la vie, de l'espoir que nous avons en elle. Nous ne voulons rien avoir à cacher, nous voulons être libres, nous voulons que nos frontières, puisque frontières il y a, et si éloignées qu'elles soient l'une de l'autre, deviennent transparentes. Il faut que nous nous voyions tels que nous sommes pour avoir une
idée de ce que nous voudrions être.

[…] la conscience des poètes étant clairement apparue comme une arme, tortures et mort se sont substituées aux sarcasmes et aux rires. Le poète assassiné n'est plus un mythe.

En France, pendant l'occupation, le sens de la poésie ne peut guère laisser de doute sur le but poursuivi:
Aujourd'hui, les poètes ont vraiment le pouvoir de parler avec tous les hommes, ils sont sûrs que tous ont, comme eux, so obscurement que ce soit, le goût passionné de la beauté, d'une beauté sans bornes qui est le perfection de ce qui vit, le seul échange possible avec un bien humain, le seul amour. Une fois de plus, ils n'ont pas accepté d'être dupes de l'immonde qui veut séparer les hommes, les tailler en tranches inégales, les attrister; les pervertir. Leur donner l'idée absurde qu'il faut savoir se résigner à n'avoir pas de semblable partout.
La guerre que nous avons menée, que nous menons, nous, poètes, depuis que le monde est monde, c'est la guerre de l'amour, car c'est la guerre contre l'esclavage, contre la misère et le mort.  Nous avons pour fanion le rassemblement des mots d'ordre qui unissent le commun des hommes. Nous avons reflété leur espoir, ils ont le reflété le nôtre. "Autrefois, écrit Feuerbach, la pensée était pour moi le but de la vie, mais aujourd'hui, c'est la vie qui est pour moi le but de la pensée.' Nos deux peuples se sont débattus contre l'hypocrisie et la pire cruauté. Mais, pas un instant nous n'avons désespéré de l'homme, pas un instant, nous n'avons désespéré de la libération des opprimés et de la destruction des oppresseurs. Nous savions, parce que penser droit unit les peuples, que la liberté nous serait rendue. Ses défenseurs, les uns étaient enchaînés, torturés, massacrés, les autres luttaient dans l'ombre, mais ils ont toujours eu la même fureur au coeur, le même espoir couleur d'éternité. Nul ne disait plus Je mais Nous. Et ce fut et ce restera l'honneur des poètes d'avoir dit : Nous les hommes pour tous ceux qui, dans le monde entier, refusaient de vivre bassement, pour tous ceux qui préféraient mourrir debout que de vivre à genoux. Contrainte, misère, exil, prison, ne nous ont pas détruits. Nous sommes des survivants.
[…] Nous nous sentons dégradés au spectacle des horreurs qui accablent les hommes depuis toujours et qui sont, vous l'accorderez, de plus en plus spectaculaires. Et comme nous voulons mériter le nom d'homme nous prenons parti. Nous n'avons plus à discuter, à peser des raisons qui ne sont pas la raison pure, la raison passionnée. Nous irons peut-être lentement, mais droit au but. L'instrument de notre vidoir est forgé. "

 

Absent des Poésies retrouvées [et textes] publiés par La Pléiade. 

Sans date [1949].In-4, En feuilles,210 x 270 mm,3 pages.

Une paperolle collées, dernier feuillet coupé en deux.

Bio

Paul Éluard

Eugène Grindel

(né à Saint-Denis le 14 décembre 1895 et mort à Charenton-le-Pont le 18 novembre 1952)

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