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— O Lucifer, Mon bourreau de demain, je t'honore — je t'aime!

Poème autographe signé : Les Paroles d’un maudit

1883Un feuillet de 260 x 200 mm plié en deux

Rare manuscrit d’un poème tiré de « La muse noire ».

1 200 

Vendu

Description

Poème autographe signé intitulé Les Paroles d'un Maudit et dédié à Charles Delacour. Il fut rédigé en mars 1883 et  parut dans le recueil La muse noire :

I

S'il est vrai, Dieu puissant, ô toi que j'adorai,
Qu'en paradis, où dort ta muette indolence,
Tu te laisses bercer au soupir qui s'élance
De mon corps maladif et de mon cœur navré;

O vieux sphinx impassible, ô vieux juge abhorré,
Qui, peseur scrupuleux à la fausse balance,
Peux me sauver d'un mot — et gardes le silence.
Moi, putrescible atome, oui, je t'insulterai!

Avant que de rouler à l'éternité d'ombre
Où doit rôtir ma chair dans le grand brasier sombre,
Les poings crispés au ciel, je hurlerai trois fois :

— « Monstre, sois anathéme! » — Et ma Rancœur sublime
Montera, mariée aux foudres de ma voix.
Comme un encens de haine exhalé de mon crime!

II

Quant à toi, Lucifer, astre tombé des cieux.
Splendeur intelligente aux ténèbres jetée,
Ange qui portes haut ta colère indomptée.
Et gonfles tous les seins de cris séditieux; .

Par toi seul, j'ai connu le mépris oublieux
Du Seigneur, et de sa puissance détestée;
J'ai ressenti — sceptique et railleur, presque athée
Les plaisirs inouïs de l'amour radieux !

Tu m'ouvris l'océan des voluptés profondes
Dont nul n'a su tarir les délirantes ondes.
Tu m'appris à goûter le charme de l'Enfer.

On y souffre, il est vrai : l'on y jouit quand même,
Puisqu'on y peut baver sa bile. — O Lucifer,
Mon bourreau de demain, je t'honore — je t'aime!

Stanislas de Guaïta
"La Muse noire"

Les manuscrits de Stanislas de Guaïta sont rares.

1883.Un feuillet de 260 x 200 mm plié en deux,1 page et demi.

Encre noire.