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Manuscrit autographe signé : Fais ce que dois advienne que pourra

1863210 x 275 mm

MANUSCRIT AUTOGRAPHE SIGNÉ de 5 pages sur papier bleu, virulente défense de Dumas face aux attaques de journaux italiens.

2 500 

Vendu

Description

MANUSCRIT AUTOGRAPHE SIGNÉ "AD", 5 pages sur papier bleu, avec quelques ratures et corrections.

Article destiné à L’Indipendente, le journal napolitain dont Dumas était le rédacteur en chef, publié en « une » le 10 avril 1863 en italien sous le titre Fa cio’ che devi avvenga che puo’.
Le manuscrit porte le titre primitif de Règlements de comptes, biffé et remplacé par la devise chère à Dumas Fais ce que dois advienne que pourra.
Dumas évoque les attaques de divers journaux contre L’Indipendente :

"Autrefois, quand on ignorait que le bon Dieu avait bien voulu nous donner, non pas au détriment des autres, mais pour notre conservation personnelle, non pas comme armes offensives, mais comme armes défensives, trente-deux dents et dix ongles - nous ne parlons bien entendu  que de deux des mains - nos confrères les journaux de quelques couleurs qu'ils fussent avaient ce sentiment de charmante hospitalité qui caractérise en générale la presse italienne. Nos confrères, disons-nous, nous attaquaient à tort et à travers, se figurant parce que les coups nous venaient tout à la fois de Gène, de Turin, de Vérone, de Rome et de Naples, que nous ne pourrions ni faire face aux coups, ni répondre : mais par malheur pour eux, quarante ans d’études historiques vingt ans de luttes polémiques, trois révolutions accomplies sous nos yeux, nous avaient cuirassés à ce genre de combat, et il nous suffit de quelques articles intitulés Réglement de comptes pour prouver au Movimento à la Gazette de Turin, à L’Espero, à L’Armonia, à La Perseverance, au Journal de Vérone, à L’Observateur romain, à L’Avenir, au Pungolo et à La Patria que si nous ne cherchions jamais la bataille nous ne la refusions jamais – et nous eûmes grâce à quelques victoires faciles, un certain calme reposant sur deux convictions que nous sommes parvenus à imposer même à nos ennemis – celle de notre bonne foi et celle de notre impartialité. Puis ensuite, mais avec plus de difficultés, on s'aperçut que nous n'étions pas tout à fait un ignorant et nous pouvions parfois même, aux gens du pays, donner des leçons sur l'histoire de leur pays. Enfin chose rare, que nous n'appartenions à aucune coterie, que nous ne faisions partie d'aucune Camorra ni d'aucune Consorteria. Et que pour être une secte aristocratique, la dernière était aussi méprisable à nos yeux que la première qui appartient à la dernière classe de la société, et que pour nous la boue était toujours de la boue, qu'elle salit les pieds ou tâche le visage. C'est ce qui fait que nous portons hautement, à qui que ce soit le défi de trouver pendant l'existence déjà longue de L'indipendente, une concession faite à l'amitié, à l'intérêt ou la crainte. Lorsque le gouvernement à eu raison nous l'avons hautement soutenu, lorsque le gouvernement a eu tort nous l'avons franchement attaqué. Nous sommes amis de tout ce qui est bon, honnête et brave. Et nous ne sommes les ennemis que du mensonge, de la spéculation, de la mauvaise foi, du vol, de la calomnie, du brigandage, de la bêtise, de l'orgueil, de la dénonciation, de l'espionnage, des ténèbres et de l'ignorance. Nous avons enfin constamment suivi cette devise nos pères les anciens Chevaliers français : Fais ce que dois advienne que pourra.
Il y a plus : comme l'erreur appartient à l'humanité, toutes les fois qu'on nous a reproché d'avoir erré, nous avons humblement fait un pas en arrière et nous avons été consciencieusement à la recherche de la vérité. Si’erreur que l'on nous reprochait était réelle nous l'avouons avec l'orgueilleuse humilité d'un cœur honnête qui peut se tromper, mais qui est incapable de tromper.
La guerre la plus vive que nous ayons faite après celle des brigands, c'est la guerre à la municipalité. Pourquoi ? C'est que véritablement la municipalité de Naples traite Naples, non pas comme la troisième capitale du monde, mais comme une ville de dixième ordre, pas d'abattoir, pas d'eau, des fontaines qui pleurent au lieu de jaillir, des rues sales et tortueuses, des places sans arbres, des ruelles sans lumière, de travaux toujours commencés et jamais finis, des prisons immondes, des hospices pires que les prisons, une Annonciata où chaque nourrice allaite quatre enfants, si cela peut s'appeler allaiter dans tous les autres pays au lieu d'allaiter on dirait affamer, des hôpitaux où les chirurgiens et les médecins rougissent de conduire les étrangers, une colonne aux martyrs que l'on doit toujours élever et que depuis deux ans on peut voir humblement couchée sur le sol à travers les planches qui l'entourent et qui déshonorent une des places les plus passantes de Naples, des superstitions maintenues, quand au contraire on devrait faire tomber une à une les écailles des yeux du peuple, des fêtes sans motif, des cérémonies sans moralité, des madones dont on proclame la supériorité sur leurs rivales sans qu'on ait l'air de savoir qu'il n'y a qu'une madone au monde,  c'est la mère du Christ. Que sais-je moi !
À quel propos cette guerre, est-ce que le rédacteur de L’Indipendente est de Naples, est-ce qu'il lui reviendra quelque chose à lui, que Naples n'ait pas le charbon, que Naples soit propre, que Naples soit éclairée, que Naples ait des tombes, que Naples ait de l'eau, que Naples ait des monuments, que les mendiants de Naples soient bien logés, que les enfants trouvés de Naples ne meurent pas de faim, que les malades de Naples guérissent, que l'on glorifie les martyrs, que l'on fête les gens que l'on ne porte plus les idoles en triomphes, que l'on ne glorifie plus le 13 juin, c'est dire l'anniversaire du meurtre du pillage de l'incendie et de la  pendaison ? Non par ma foi ! Le rédacteur de L’Indipendente est à Naples par hasard, et si il se fatigue à faire une guerre qu'il ne croit pas tout à fait inutile. Certes, on connaît notre impartialité en matière de polémique. On sait surtout notre respect pour le mot malheur. Cette impartialité et ce respect nous imposent l'obligation de mettre sous les yeux de nos lecteurs la lettre que nous adresse M. le Comte de Christen et M. Achille Carracciolo. On comprend que dans la rapidité de l'interrogation, quelques détails aient échappé à notre henographe.
Nous serons toujours prêts à recevoir toutes les réclamations de ce genre attendu la certitude que nous avons qu'aucune erreur ne sera jamais commise dans L’Indipendente par mauvaise intention.
Nous remercions à notre tour MM de Christen et Carracciolo de la courtoisie de leur lettre. Ils ont compris à qui ils écrivaient comme nous avions compris de qui nous parlions.

A.D."

La fin du manuscrit diffère quelque peu de la version italienne imprimée dans laquelle un paragraphe supplémentaire a ajouté au sujet des journaux L'Avvenire et Campagna. Les deux noms cités sont aussi anonymisés.

RARE DOCUMENT.

1863.210 x 275 mm,5 feuillets.

Encre noire.

Bio

Alexandre Dumas (père)

(né le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts dans l’ Aisne et mort le 5 décembre 1870 à Puys, près de Dieppe en Seine-Maritime).

Voir Les Œuvres