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Trois lettres signées à Renée Sylvère

1945

« Mais il y a une tragédie dans chaque corps comme dans chaque âme. L’important n’est pas là. L’important est de savoir ce que l’on fait avec ce corps et de ce drame et si l’on arrive à surmonter l’obstacle. »

2 500 

Vendu

Description

Renée Sylvère, plus connue sous le nom de Renée Sylvaire, fut l'une des plus importantes actrices de cinéma muet des années 1908 à 1923, d'abord à la Gaumont, puis chez Pathé, avant de devenir l'une des principales vedettes féminines de la firme Éclair dès 1911. Disparue des tournages, elle joua au théâtre et ouvrit une librairie située rue Saint-Julien-le-Pauvre puis rue de Pigalle.

Lettre tapuscrite signée, vraisemblablement la première lettre de Camus à Renée Sylvère .
Cette lettre est une réponse à une critique émise par cette dernière concernant l'article intitulé, Le Général de Gaulle déclare que l'affaire de Syrie relève désormais de la justice internationale publié en 20 juin 1945 durant la crise provoquée par les soulèvements des populations en Syrie et au Liban réclamant la fin de la présence française.
1 pages et demi, sur papier entête de la revue Combat, enveloppe tapuscrite conservée :

"Paris, le 26 Juin 1945
Mademoiselle,
J'ai lu votre lettre avec attention.
Je vous remercie très vivement, et, si vous le permettez, très personnellement, de l'approbation que vous nous avez apporté jusqu'ici.
Croyez que j'en mesure la qualité. Je ne puis donc que regretter profondément votre désapprobation actuelle et essayer seulement d'y répondre de façon imparfaite.
L'exercice de l'honnêteté intellectuelle dans le journalisme n'est pas chose facile, parce que cet exercice est quotidien. Il se peut donc que telle ou telle de nos phrases, malgré nos intentions de puissent vous sembler satisfaisantes. Mais qu'il fait considérer c'est la ligné générale.
De ce point de vue, et malgré les réflexions ou votre lettre m'a poussée, il me semble que votre proposition n'a pas cessé d'être a peu près raisonnable.
Nous avons essayé de ne pas céder à une réaction sentimentale pourtant bien légitime et nous avons tenté de ne pas envenimer un problème aussi douloureux. Ce faisant il me semble bien que nous avons fait notre devoir de journalistes et de français.
Ne vous trompez pas sur notre pensée. Nous trouvons excellent d'une certaine façon que le Général de Gaulle ait cette attitude. Mais il est bon, et ce sont les avantage de la démocratie qu'une partie de l'opinion tempère, aux yeux de l'étranger, ce que cette attitude pouvais avoir de trop tranchant.
Voici les explications qu'il me semble que je puis vous fournir. Bien entendu je ne peux répondre absolument que nous avons été dans la vérité. Nous acceptons le risque de nous tromper, mais ce que nous refusons et c'est tout le sens de ma lettre, c'st qu'on mette en doute notre bonne foi et nos intentions.
Je vous remercie en tout cas de nous avoir écrit franchement et j'espère que bous voudrez bien tourner dans la manière dont je vous réponds, le preuve de notre sympathie et de notre estime.
Le rédacteur en chef.
Albert Camus"

 

Lettre autographe signée, 1 page, encore bleue, enveloppe autographe conservée :

"13 oct [1945]
Chère amie
Merci de votre lettre. Je suis heureux que les "lettres" vous aient plu. Cela vous amuserait il d'assister à une représentation de Caligula. Si oui, dites moi quel jour. Mais laissez moi un battement d'une demi semaine. Souvenez-vous que Caligula a été écrit à 25 ans (j'en ai 32) et soyez lui indulgente quand vous le verrez. C'est seulement le cri d'une exigence.
A vous, fidèlement
A. Camus.
Ne voudriez vous pas me faire lire ce que vous écrivez.

NRF
5 rue Sébastien Bottin
Paris
VII"

Lettre autographe signée, 1 page sur papier entête de la NRF, encre noir, enveloppe autographe conservée :

" 16 janvier [1946]
Chère amie,
Oui, je comprends parfaitement. J'imagine en effet que cela peut-être tragique. Mais il y a une tragédie dans chaque corps comme dans chaque âme. L'important n'est pas là. L'important est de savoir ce que l'on fait avec ce corps et de ce drame et si l'on arrive à surmonter l'obstacle. De ce point de vue, je ne puis que vous admirer et vous dire ma solidarité (ce n'est pas le bon mot mais je me comprends).
Je suis tous les matins du lundi au vendredi à 11 heure à la N.R.F (LIT 2891). Vous y êtes attendue et y serez la bienvenue.
Votre
A. Camus"

 

 

1945-1946.

Divers formats, enveloppes conservées.