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Lettre autographe signée à Mme d’Albert 1693

1693135 x 200 mm

Belle lettre de direction adressée à Mme d’Albert

1 200 

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Description

BELLE LETTRE DE PIÉTÉ ET DE DIRECTION SIGNÉE J. BENIGNE DE MEAUX.

"A Germigny, 7 août 1693

J'ai prié M. Phelipeaux de vous aller voir, quoique je ne sache pas bien, ma Fille, ce qu'on souhaite de lui ; mais sa présence est toujours bonne à Jouarre, et on pourra m'écrire avec liberté.

Je crois que vous devez être contente sur le sujet de l'attachement que quelques-unes craignent pour le goût qu'on ressent de Dieu. Il est vrai que Dieu le cache quelquefois aux âmes qu'il veut attirer, et qu'il a mille moyens de le faire. Ce qui l'y oblige, c'est, entre autres choses, le dessein de prévenir la présomption, si une âme se connaissait elle-même ; et je ne puis ni ne dois vous dissimuler que vos peines pourraient être une couverture des grâces que Dieu vous fait, qui ne serait pas inutile si vous étiez fidèle au divin attrait.
Soyez-le donc, et sachez que cette fidélité consiste principalement à s'abandonner à cet attrait indépendamment de toute autre vue, et avec le moins de retour qui se pourra sur soi-même, parce que l'effet de cet attrait n'est pas tant à faire que l'âme cherche à s'humilier, mais qu'elle cherche à s'oublier tout à fait par un céleste enivrement, qui la sépare d'elle-même beaucoup plus que ne feraient toutes réflexions qu'elle pourrait faire pour s'humilier ; et c'est là le vrai fond de l'humilité, puisqu'on apprend par ce moyen à se compter pour rien et, en quelque sorte, à n'être plus.
Notre seigneur soit avec vous. Ma fille
J.Benigne de Meaux".

Marie-Henriette-Thérèse d'Albert de Luynes (1647-1699) : fille de Charles-Louis d'Albert deuxième duc de Luynes, favori du Roi Louis XIII, et de Marie Seguier sa première épouse. Élevée à Port-Royal avec Marie Louise de Luynes, sa soeur ainée, elles firent profession l'une et l'autre dans l'abbaye de Jouarre. Jacques Benigne Bossuet, alors simple ecclésiastique fit le sermon de sa profession de voeux le 8 mais 1664. Il composant aussi le Discours sur la vie cachée en Dieu pour Louise de Luynes. Leur père, proche des Solitaires de Port Royal, si fit construite une château à Vaumurier sur un terre appartement à l'abbaye, où il recevait Blaise Pascal ou Jean Racine. Marie-Louise de Luynes puis sa soeur furent nommées au prieuré de Torcy. Mme d'Albert y mourut "subitement en apparence" le 4 février 1699, ainsi que le décrit Bossuet dans l'épitaphe qu'il lui consacra :

Ci-gît Marie-Henriette-Thérèse d'Albert de Luynes.
Elle préféra aux honneurs
D'une naissance si illustre et si distinguée
Le titre d'épouse de Jésus-Christ
En mortification et piété.
Humble, intérieure, spirituelle
En toute simplicité et vérité,
Elle joignit la paix de l'innocence
Aux saintes frayeurs d'une conscience timorée.
Fidèle à celui qui, presque dès sa naissance,
Lui avait mis dans le cœur le mépris du monde,
Elle fut longtemps l'exemple
Du saint et célèbre monastère de Jouarre,
D'où étant venue en cette maison
Pour accompagner une sœur chérie,
Elle y mourut de la mort des justes
Le 4 février 1691 :
Subitement en apparence,
En effet avec les mêmes préparations
Que si elle avait été avertie de sa fin...

L'ensemble des lettres adressées à Mme Albert apporte un éclairage important sur la pensée de Bossuet ; elles furent rapidement intégrées aux oeuvres complètes l'auteur sous le titre : Lettres à Mme d'Albert de Luynes, religieuse de l'abbaye de Jouarre.

Correspondance de Bossuet. t. 5 : Janvier-1692-septembre 1693, n° 897.

Sans date [1693].In-8, En feuilles,135 x 200 mm,

Un feuillet plié en deux, encre noire, une petite déchirure.  

Bio

Jacques-Bénigne Bossuet

(Dijon, Royaume de France : 27 septembre 1627 – Paris, Royaume de France : Décès 12 avril 1704)

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