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Le soldat Jésus-Christ ne doit jamais poser les armes ; le temps viendra.

Lettre autographe signée à Mme d’Albert (1692)

1692135 x 200 mm

Belle lettre sur le péché faisant référence au dogme de l’immaculée Conception.

1 500 

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Description

BELLE LETTRE SUR LE PÉCHÉ FAISANT RÉFÉRENCE AU DOGME DE L'IMMACULÉE CONCEPTION 

"Anneaux 20 décembre 92
J’arrivai hier heureusement malgré le temps, Dieu Merci. J’écrivis avant mon départ la lettre que Madame de Lusanci vous fera voir : il n’est pas mal d’en dire la substance à Madame de la Prieure.
Ce que l’on dit de Monsieur de la Trappe, de l’attention continuelle qu’on doit avoir aux jugements de Dieu, est vrai pour l’ordinaire, mais non pas universellement ; et il ne l’entend pas  autrement lui-même. D’ailleurs qui désire de voir Dieu, craint de le perdre ; mais cette crainte ne l’abat, ni ne le décourage parce qu’il sait qu’il est bon, et s’abandonne à lui.
Croyez-moi, vous donnez trop dans ces peines, je vous assure qu’elles ne doivent point vous empêcher de communiquer sans que vous les confessiez. Je n’ai pas besoin de décider si il y a du péché ou non. A parler franchement, je crois pouvoir assurer qu’il n’y en a point ; mais, en tous cas, je vous assure qu’il n’y a point d’obligation de s’en confesser, et que vous feriez mieux de ne le pas faire. Vous ne savez pas combien Dieu est bon, et ce que peut l’abandonnement qu’on lui fait de tout.
J’approuve fort le sentiment de M. De Sainte-Beuve, et vous pouvez vous reposer dessus ; mais je crois la voie que je vous montre plus conforme à votre état présent. Son sentiment et le mien ne sont qu’un dans le fond, et nous allons à même fin.
Je vois à peu près ce qu’a voulu dire ce prédicateur et je voudrais bien qu’on ne fut pas si affirmatif en choses où l’Église n’a pas parlé. Celui qui a enseigné à saint Paul que la force se perfectionne dans la faiblesse et que la tentation donne occasion à avancement, peut seul vous faire entendre que les peines que vous déplorez peuvent aider à purifier votre coeur.
Tout de qu’on a dit de vous à Paris, au sujet de l’obéissance que vous me rendez, augmente la couronne que vous devez attendre pour cette action de justice. Le monde parle et juge sans savoir ; mais Jésus-Christ l’a jugé et a cassé par avance tous ses jugements.
Encouragez Madame le Prieure à ne point quitter quoi qu’il arrive. Le soldat Jésus-Christ ne doit jamais poser les armes ; le temps viendra. Je suis avec vous de tout mon coeur.
J.Benigne de Meaux"

 

Marie-Henriette-Thérèse d'Albert de Luynes (1647-1699) : fille de Charles-Louis d'Albert deuxième duc de Luynes, favori du Roi Louis XIII, et de Marie Seguier sa première épouse. Élevée à Port-Royal avec Marie Louise de Luynes, sa soeur ainée, elles firent profession l'une et l'autre dans l'abbaye de Jouarre. Jacques Benigne Bossuet, alors simple ecclésiastique, fit le sermon de sa profession de voeux le 8 mais 1664. Il composa aussi le Discours sur la vie cachée en Dieu pour Louise de Luynes. Leur père, proche des Solitaires de Port Royal, se fit construite un château à Vaumurier, sur une terre appartenant à l'abbaye, où il recevait Blaise Pascal ou Jean Racine. Marie-Louise de Luynes puis sa soeur furent nommées au prieuré de Torcy.  Mme d'Albert y mourut "subitement en apparence" le 4 février 1699, ainsi que le décrit Bossuet dans l'épitaphe qu'il lui consacra :

Ci-gît Marie-Henriette-Thérèse d'Albert de Luynes.
Elle préféra aux honneurs
D'une naissance si illustre et si distinguée
Le titre d'épouse de Jésus-Christ
En mortification et piété.
Humble, intérieure, spirituelle
En toute simplicité et vérité,
Elle joignit la paix de l'innocence
Aux saintes frayeurs d'une conscience timorée.
Fidèle à celui qui, presque dès sa naissance,
Lui avait mis dans le cœur le mépris du monde,
Elle fut longtemps l'exemple
Du saint et célèbre monastère de Jouarre,
D'où étant venue en cette maison
Pour accompagner une sœur chérie,
Elle y mourut de la mort des justes
Le 4 février 1691 :
Subitement en apparence,
En effet avec les mêmes préparations
Que si elle avait été avertie de sa fin...

L'ensemble des lettres adressées à Mme Albert apporte un éclairage important sur la pensée de Bossuet ; elles furent rapidement intégrées aux oeuvres complètes l'auteur sous le titre : Lettres à Mme d'Albert de Luynes, religieuse de l'abbaye de Jouarre.

Correspondance de Bossuet. t. 5 : Janvier-1692-septembre 1693, n°816

1692.In-8, En feuilles,135 x 200 mm,4 pages.

Un feuillet plié en deux, encre noire, une petite déchirure.

Bio

Jacques-Bénigne Bossuet

(Dijon, Royaume de France : 27 septembre 1627 – Paris, Royaume de France : Décès 12 avril 1704)

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